La parole aux acteurs du territoire : Lionel, du club de foot du GS Haroué-Benney

Lionel a débuté le foot à l'âge de 6 ans dans le club de Richardménil. Gardien de but dès ses premières années, il est repéré à 14 ans par le club de Vandoeuvre puis par l'ASNL où il y joue durant 5 ans, puis il est sélectionné dans les 16 meilleurs joueurs de lorraine. Au moment de passer senior et signer un contrat éventuel, la concurrence est rude, et l'ASNL ne souhaite plus le garder dans son effectif. Son entraineur, Alain Perrin, est le voisin d'un dirigeant d'Haroué et en échangeant, il lui indique sa disponibilité. Après un contact avec un joueur d'Haroué qu'il connaît bien, il débarque au club en 1988. Il est aujourd'hui trésorier, éducateur et gardien des vétérans au club.

Comment un club issu (depuis quelques années) de la fusion de 2 villages est parvenu à se hisser à un si haut niveau (jusqu'à la seconde division régionale, en R2), à la lutte avec des clubs du Grand Nancy comme Laxou ou Villers-lès-Nancy ?

« Les plus anciennes générations ont construit la réputation du club en battant des équipes hiérarchiquement supérieures en coupe de France uniquement par la volonté et la détermination. Essentiellement des agriculteurs qui ne s'entrainaient pas mais qui avaient plaisir à se retrouver. Les générations suivantes ont conservé cette détermination et cette envie de se dépasser. Aucune prime de match, dans des conditions d'entrainement difficiles par rapport aux infrastructures que possèdent les clubs de la métropole, cela forge des caractères, c'est le secret du GSHB. La bonne humeur sur le terrain et en dehors y fait beaucoup aussi. Organiser des manifestations extra-sportives, se serrer les coudes, travailler ensemble, sur le terrain, cette complicité se retrouve obligatoirement sur le terrain. »

Avez-vous des besoins financiers et/ou humains pour développer encore plus votre club ?

« Nous sommes en recherche permanente de bénévole pour encadrer les jeunes équipes ou accompagner les seniors. Nous sommes également à la recherche de joueurs, pour que toutes les catégories du club puissent s'engager dans des compétitions. Les arbitres sont également les bienvenus.

Les frais d'inscription et de fonctionnement du club nous obligent à organiser des manifestations pour équilibrer les finances du club. Chaque année, c'est un budget de 45 000€ qu'il faut trouver. »

Comment ressentez-vous l'évolution du foot de vos débuts à maintenant à travers votre club, et/ou en général ?

« Il y a actuellement un fossé entre le mode professionnel et les amateurs. A mes débuts, nous ne parlions pas d'argent, uniquement le plaisir du jeu et le plaisir de voir les matches à la TV.

Actuellement on ne parle que des gros salaires que les professionnels peuvent avoir, il faut avoir des abonnements pour voir des matches à la TV, résultat, les jeunes ne s'intéressent plus au foot ou leur parent ont une mauvaise image du football, résultat, ils vont mettre leur enfant dans des activités moins médiatiques. Ne parlons pas des affaires qui secouent le football français et qui n'arrange pas l'image du football.

A mes débuts, chaque village, chaque ville avait son équipe, aujourd'hui tous les clubs ruraux sont dans l'obligation de se jumeler pour maintenir des équipes dans leur club, le GSHB n'y échappe pas et ce depuis quelques années.

Autres phénomènes inquiétants, c'est le manque de respect et les débordements réguliers que ce soit envers l'arbitre, ou sur le terrain entre joueurs ou entre supporters. N'oublions pas la genèse du football qui est avant tout un jeu pour se faire plaisir. »

Le territoire du Pays du Saintois compte 5 clubs : ES Bayon Roville Foot, Groupe Sportif de Vézelise - GSV, Groupe Sportif Tantonville, ES.Vallée Madon, et le GS Haroue Benney, comment faire progresser le foot et le sport sur ce territoire, et/ou quels conseils donneriez-vous aux autres clubs du territoire qui essaient de se s'améliorer et se pérenniser ?

« La formation en inculquant aux plus jeunes le respect, la politesse et l'envie. Comme je dis souvent, on peut se tromper avec ses pieds, mais s'il y a l'envie, la motivation et la détermination, on peut battre des équipes qui évoluent à des niveaux supérieurs.

Il faut de la pédagogie, même si les jeunes équipes perdent, ne jamais hausser le ton, mais donner des conseils. On voit trop souvent des dirigeants qui s'égosillent et qui manquent de respect envers leurs jeunes joueurs, comportement qui va dégouter les joueurs et les fera arrêter le foot. »

Quel est votre plus beau souvenir au sein du club ?

« Comme les anciennes générations, les tours de Coupe de France avec un public nombreux au stade Lucien Hazotte, les montées au niveau supérieur et les manifestations organisées par les bénévoles et joueurs du club. Un chapiteau avec plus de 500 personnes, un orchestre bavarois, une choucroute préparée par les amoureux du GSHB, notre génération en parle encore. »

Lionel souhaiterait enfin remercier les communes du Saintois, par leurs subventions ou pour les communes qui possèdent les infrastructures et qui prennent à leur charge, éclairage, tonte, eau, entretien….

Il ajoute qu'il met tout en oeuvre pour garder les jeunes joueurs pour les faire progresser et les faire intégrer l'équipe phare du club, qui est la principale motivation, mais les conditions d'entrainement sont difficiles, des terrains d'entrainement parfois peu praticables, de ce fait, les joueurs vont dans des clubs du Grand Nancy tels que Ludres, Heillecourt, Jarville, St Max, tous pourvus de terrain synthétique et dont la pratique du football en hiver est plus facile.

Il conclue : « La volonté des clubs du Saintois serait d'avoir une structure synthétique commune que les clubs pourrait se partager pour les entrainements et matches. Il existe déjà des ententes sportives qui fonctionnent très bien avec les clubs de Tantonville et Vézelise, et ce dans de nombreuses catégories, je pense qu'il en serait de même pour se partager un complexe commun, à bon entendeur. »

Un grand merci à Lionel, à qui nous souhaitons une excellente fin de saison !